Les humanoïdes associés T1, T2, T3 et T4 de Enki Bilal

Publié le par nyima le bonheur

Les humanoïdes associés T1, T2, T3 et T4 BD de Enki Bilal, résumé:
9/10


Le someil du monstre:


J'ai 10 jours, je me souviens.
L'explosion terrible qui déchire le ciel de nuit et fait pleuvoir dans l'hôpital n'est ni un tir de mortier, ni un tir d'artillerie, ni une bombe. C'est un coup de tonnerre de mon tout premier orage. Une colère du ciel qui me rassure, autrement plus impressionnante que le feu des hommes. Car je suis un orphelin de dix jours, heureux de sentir la nature plus forte qu'eux. Ce même jour J. 10, une infirmière dépose un paquet dans le grand lit blanc, entre Amir et moi.
Ce paquet de quelques heures à peine s'appelle Leyla Mirkovic. Pour la première fois, nous voici réunis tous les trois. Nos têtes encastrées les unes dans les autres et nos corps tendus comme les branches d'une étoile. Je me mets à l'écoute des bruits de nos vies. Je suis l'aîné vieux de dix jours, l'orphelin heureux qui aime Leyla, qui aime Amir et qui aime le bruit du ciel en colère. La tétralogie du Monstre est une histoire à trois voix.
Celles de Nike, Leyla et Amir, orphelins de Sarajevo aux quatre coins du monde. Il s'agit avant tout d'un travail sur la mémoire. Mémoire individuelle et collective, où se mêlent des imagés écrites de l'éclatement de la Yougoslavie, "lieu" de naissance d'Enki Bilal (pays à peine disloqué que déjà sorti des mémoires), et des images peintes d'une entêtante conjugaison passé-présent-futur. Mémoire prospective aussi, potentielle, élargie des Balkans au reste du monde, comme dans un miroir.
Ce monde, seul endroit, il faut bien le dire, qui nous reste.




32 décembre:


Nike.
Qu'une mini-bombe atomique explose alors à mes pieds, qu'un éclat de terrasse pulvérise mon nez (troisième fois en un an), tout, en ce fragment de temps à la violence extrême, aurait dû me mettre la puce à l'oreille (elle-même soufflée par la déflagration). Tout aurait mieux valu que l'invitation. Car c'est ici que tout recommence. Amir : Je serrai très fort son corps et cette nouvelle peau anthracite tout droit de mes cauchemars.
Très fort et très longtemps. Comme pour tenter d'en conjurer l'extravagance. Leyla : Nike resta autant de temps que les neuf autres dans la grotte. Comme les neuf autres, dès son retour, il demanda à l'huissier une feuille de papier et un crayon, et comme les neuf autres il se tut pendant de longues heures. Enfin, comme pour les neuf autres, sa première phrase fut une triple question, identique au mot près : "Le carbone 14 bis dit quoi sur les os et l'obus ? Les recoupements avec les éléments de l'inventeur disent quoi sur la grotte ensevelie ? Le 32 décembre c'est quand ?" La tétralogie du Monstre est une histoire à trois voix.
Celles de Nike, Leyla et Amir, orphelins de Sarajevo aux quatre coins du monde. Il s'agit avant tout d'un travail sur la mémoire. Mémoire individuelle et collective, où se mêlent des images écrites de l'éclatement de la Yougoslavie, "lieu" de naissance d'Enki Bilal (pays à peine disloqué que déjà sorti des mémoires), et des images peintes d'une entêtante conjugaison passé-présent-futur. Mémoire prospective aussi, potentielle, élargie des Balkans au reste du monde, comme dans un miroir.
Ce monde, seul endroit, il faut bien le dire, qui nous reste.



Rendez-vous à Paris:

Dans le SOMMEIL DU MONSTRE, Nike Hatzfeld a trente-trois ans lorsque sa légendaire mémoire hypertrophiée le renvoie aux tout premiers jours de sa propre naissance.
Nous sommes en 1993. La Yougoslavie agonise, les obus bosno-serbe pleuvent sur l'hôpital de Sarajevo. C'est là que Nike partage son lit et ses premiers jours de vie avec Amir et Leyla, orphelins comme lui. Son destin bascule lorsqu'il se souvient avoir juré, à l'âge de dix-huit jours, de les retrouver et de les "protéger toujours". Entre sa mémoire de 1993 et sa réalité contemporaine de 2026, Nike Hatzfeld subit une brutale contraction du temps, qui l'entraîne dans un tourbillon d'apocalypse religieuse obscurantiste, comme si les gènes de son futur de 2026 étaient inscrits dans son premier souffle de 1993.
Un bal macabre secoue la planète, ballotte le monde et ses démocraties, orchestré par un certain Optus Warhole, autoproclamé " incarnation du mal suprême ". Nike et Leyla se trouvent. Amir, de son côté, surnage avec Sacha, une fille paumée, quatrième pièce rapportée d'un puzzle en cours. TRENTE-DEUX-DECEMBRE voit Optus Warhole, le duplicateur d'humains, se muer en Artiste du Mal Suprême, prompt à jouer et à se jouer de tout, de l'infiniment grand, y compris une ouverture abyssale sur l'inconnu du cosmos, ou de l'infiniment petit, y compris quatre destins humains, il est vrai, pas tout à fait ordinaires, car tout simplement ses préférés : ceux de Nike, Leyla, Amir et.
Sacha.
Le titre RENDEZ-VOUS A PARIS indiquerait donc que la quête de Nike, sa promesse de reconstituer le trio d'orphelins de Sarajevo 1993, est sur le point de se réaliser ?. A moins qu'un quatrième et dernier acte. La tétralogie du Monstre est une histoire à trois voix. Celles de Nike, Leyla et Amir, orphelins de Sarajevo aux quatre coins du monde. Il s'agit avant tout d'un travail sur la mémoire. Mémoire individuelle et collective, où se mêlent des images écrites de l'éclatement de la Yougoslavie, "lieu" de naissance d'Enki Bilal (pays à peine disloqué que déjà sorti des mémoires), et des images peintes d'une entêtante conjugaison passé-présent-futur.
Mémoire prospective aussi, potentielle, élargie des Balkans au reste du monde, comme dans un miroir. Ce monde, seul endroit, il faut bien le dire, qui nous reste.


Quatre?

Radicalement intimiste, loin de la furie du Sommeil du monstre et De trente-deux décembre, comme s'il fallait se débarrasser d'une mémoire trop pesante pour garder l'équilibre, survivre, s'aimer, le point final de ce dernier récit est volontairement d'interrogation.
Paradoxalement, au bout d'un tel voyage (cette tétralogie a été entamée en 1995), ce point d'interrogation trahit le fond de réalisme que la forme baroque pouvait occulter. La tétralogie du Monstre est une histoire à trois voix. Celles de Nike, Leyla et Amir, orphelins de Sarajevo aux quatre coins du monde. Il s'agit avant tout d'un travail sur la mémoire. Mémoire individuelle et collective, où se mèlent des images écrites de l'éclatement de la Yougoslavie, " lieu " de naissance d'Enki Bilal (pays déjà sorti des mémoires, en même temps que sa dislocation) et des images peintes d'une entétante conjugaison passé-présent-futur.
Mémoire prospective aussi, potentielle, élargie des Balkans au reste du monde. Ce monde, seul endroit, il faut bien le dire, qu'il nous reste.



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